Petit témoignage de ma mission humanitaire en Orissa
En résumé, magnifique mission dans ces camps de réfugiés tibétains : que du bonheur, du bonheur et encore du bonheur.
Première mission et certainement pas la dernière : on ne sort pas indemne d’une telle expérience. On en revient plus éclatant plein de joie et d’amour.
La mission médicale m’a permis avec Patricia, mon assistante dentaire, de soigner des Tibétains des 5 camps de réfugiés et quelques indiens. Nous avons également checké tous les enfants des écoles et les moines des deux monastères. Nous sommes allés faire de la prévention buccodentaire dans les camps devant les villageois et les maîtres de camps et aider les populations avec toute l’équipe et avec nos moyens mis à disposition.
Quel accueil ! Ces tibétains sont vraiment des personnes merveilleuses. Je suis heureuse d’avoir pu exercer mon métier là-bas et d’avoir apporté mon aide à ce peuple extraordinaire. Merci à eux qui nous ont tous émus par leur accueil, leur sourire, leur grande bonté malgré leur fragilité économique.
Concernant notre rencontre avec les enfants de l’orphelinat, ce fut également un très grand moment. Une journée passée avec ces 23 petits loulous âgés de 6 à 13 ans, moments de partage ponctués par des jeux, des fous rires, des câlins et de l’amour partagé. Ce fut un grand honneur que ce soit notre mission qui décida du nom de cet orphelinat Asanta et Tinu, d’après les noms de deux des orphelins.
Et pour la petite histoire, à ce jour, nous sommes parrain et marraine d’Asanta. Que du bonheur.
La guest house où nous résidions nous permettait depuis le toit de dominer le grand monastère ainsi que l’immensité des vallées nous entourant et d’observer chaque soir un magnifique ciel étoilé. Un calme bienfaisant régnait partout en ces moments-là. Nous parlions que peu et toujours à voix basse. Le silence ne se rompait que lorsque jaillissaient en cascade nos rires bienveillants.
Ce fut donc une très grande aventure humaine partagée avec toute notre petite tribu fabuleuse ainsi que notre chef de mission Thierry. Merci à toute la tribu qui fut ma famille tout au long de cette mission et avec laquelle nous avons partagé tant de bons moments, de joies, d’émotions, de fous rires. Une très très grande complicité que nous avons tissée dès l’aéroport.
Un merci tout particulier à notre chef de mission Thierry. Sa sincérité, sa sensibilité, son grand cœur, son amour du monde et des autres, sa faculté de cultiver une attitude altruiste, de donner sans attendre en retour, de ne considérer que le bien d’autrui. Merci à lui de ne pas penser qu’à court terme (dons financiers) mais d’essayer de bâtir des solutions à long terme qui nécessitent plus d’investissement mais qui seules pourront aider ces populations dans le besoin. Et surtout merci à lui d’avoir essayer de nous transmettre toutes ces qualités.
Un grand merci à tous ceux qui m’ont écrit et aussi à ceux qui m’ont accompagnée en pensée.
Un autre moment extraordinaire : nos entrevues avec le grand Rinpotché et son fils. Ce furent de magnifiques moments. Elles permirent notamment la transmission de deux mantras : celui de la compassion et celui des défenses contre les mauvaises forces morales et physiques. Transmission des bases du Bouddhisme, à savoir que tout être, même celui qui nous est hostile, redoute comme nous la souffrance et aspire au bonheur. Il a le même droit que nous d’être heureux et de ne pas souffrir. Soucions nous sincèrement des autres, de nos amis et même de nos ennemis. C’est la base de la véritable compassion. Ce sont des conseils du cœur.
Jigmé le fils, également Rinpotché, est un homme d’une grande bonté. Il nous a accordé un entretien de plus d’une heure et quart. Tantôt grave, tantôt enjoué, parfois songeur, ponctuant régulièrement ses propos d’un grand éclat de rire, il nous a véritablement donné l’impression de parler librement, sans aucun souci de plaire. Sincèrement heureux de partager son expérience avec nous pour nous aider de manière aussi pragmatique que possible à être heureux. Ses conseils sont souvent très simples car il ne voit pas l’utilité d’être compliqué. Il nous exhorte à développer notre potentiel de bonté et d’amour que, dit-il sans hésiter, nous possédons tous. Il nous a montré comment devenir un « bon être humain » et tirer le meilleur parti de notre existence. Il met l’accent sur la « responsabilité universelle », la prise de conscience que chacun de nous, en tant que membre de la famille humaine, peut être l’artisan de la paix et un protecteur des êtres. La simplicité de ses propos nous sert à voir l’essentiel. Il nous a ainsi confié ses conseils de cœur. Dans une atmosphère détendue, intime et joyeuse, il a tenu à dire des choses utilisables par tous pour développer une spiritualité profane. Il est sûr que si nous pouvions intégrer dans nos pensées et dans nos actes ne serait-ce qu’une partie de ces propos, nous ne pourrions que nous en féliciter.
Une grande partie de nos souffrances viennent de ce que nous avons trop de pensées. Certaines souffrances telles que la maladie, la vieillesse et le mort sont inévitables. La seule chose que nous pouvons faire c’est de réduire la peur qu’elles provoquent en nous. Essayer d’adopter une attitude saine.
Concernant tous les enfants que j’ai croisés, que ce soit dans les écoles de réfugiés, à l’orphelinat ou au hasard de nos visites, j’étais toujours contente de les rencontrer. Ils sont directs, sincères, leur esprit plus ouvert et plus souple que celui des adultes. Et lorsque je voyais un enfant, la première chose que je pensais, du fond de mon cœur, c’était qu’il était mon propre enfant et que je devais prendre soin de lui avec amour.
Nous sommes tous capables d’amour et de compassion. Observons comme nous nous sentons bien quand nous sommes entourés par l’amour des autres et quand nous éprouvons nous-mêmes de l’amour. Et comment, au contraire, nous sommes mal dans notre peau quand la colère ou la haine nous envahissent. Les pensées et les actes d’amour sont clairement favorables à notre santé mentale et physique.
Notre vie humaine est courte et je pense qu’il faut faire de notre court passage sur terre quelque chose d’utile pour soi et pour les autres. Or, on ne peut être utile à soi sans l’être aux autres.
Quel bonheur d’aider. Sur place, nos seules préoccupations étaient de prendre soin de chaque être et nous étions heureux, travaillant dans la joie et ressentant une grande paix intérieure.
Savoir cultiver les qualités humaines que nous possédons, cultiver l’amour et la compassion, ce qui donne véritablement un sens à la vie. Aimer et respecter les autres quels qu’ils soient. Tout cela ne peut que rendre heureux.
De votre côté, prenez la peine de voir si l’application de tout ce que je vous écris vous rend heureux et vous réjouit le cœur.
Je veux continuer à soutenir la cause du Tibet, étouffé dans l’étau implacable de la dictature chinoise et délaissé par les démocraties occidentales plus avides de nouveaux marchés (ah les beaux Rafales) que de justice.
Tel le Dalaï lama qui reçut le prix Nobel de la Paix en 1989 pour son combat non violent en faveur de la libération de son pays, je veux continuer de répandre le message de ce peuple tibétain par amour pour lui.
J’aime ce peuple, ces tibétains que j’ai côtoyés pendant cette mission. Ils gardent toujours la même sérénité, la même disponibilité. Devant chacun de nous, ils étaient immédiatement présents, tout entiers avec leur regard si particulier où se lisent à la fois la bonté, la simplicité et beaucoup d’humour également.
Voila plus de quinze ans maintenant que je voulais partir en mission et maintenant que j’ai pu vivre ce que nous avons vécu, j’ai cette réalité d’un rêve accompli, une grande satisfaction tant cherchée, enfin trouvée.
Je réfléchis souvent à ce qui possède vraiment une valeur, à ce qui donne un sens à ma vie et j’essaye d’ordonner mes priorités en conséquence.
J’ai une vision renouvelée en imaginant qu’il puisse y avoir plusieurs paliers à franchir avant l’étape ultime de l’éveil.
Cette mission fut essentielle pour moi, une nouvelle façon de se projeter dans l’existence.
Depuis mon retour, je me préserve un temps solitaire de méditation quotidienne : j’essaye de me retrouver ; méditer sur le sens de la vie de ma vie, de celles et ceux qui m’entourent. Essayer de savoir comment je peux exprimer ce que je ressens mieux que ce que je ne le fais.
Je médite sur mes enfants et sur l’ensemble des hommes.
J’ai en moi cette envie de donner, de partager depuis si longtemps. Je l’ai suffisamment écrit dans mon premier mail : cette envie de donner lâcher prise parce que je ressens de l’amour et que dans cet acte de donner le sentiment d’amour s’accroit encore davantage.
Donner et éventuellement recevoir est un échange naturel et quelque chose qui se produit tout simplement.
Voila un petit écrit sur des émotions, des sentiments pas toujours faciles à faire partager que j’ai ressentis.
J’essayerai de vous faire parvenir quelques-unes des 6 000 photos que toute l’équipe a prises.
Je suis vraiment très très heureuse d’avoir vécu cette première aventure.
Elle fut d’une si grande richesse personnelle culturelle et humaine qu’elle n’est certainement que la première d’une longue série.
La date est quasiment déterminée pour l’an prochain.
La destination sera cette fois : . . . . le Cambodge pour poursuivre l’aventure avec notre chef de mission et certainement quelques membres de notre chère tribu.
Je juge à ce jour avoir vécu quelque chose d’exceptionnel.
Je ne sais si mes aventures méritent d’être racontées mais je préserverai en moi tout ce qu’elles m’ont apporté.
Pour finir, une pensée bouddhiste du XIVème Dalaï Lama :
Atteindre le bonheur authentique exige de transformer à la fois le regard que l’on porte sur le monde et sa manière de penser. IL est important de percevoir combien votre propre bonheur est lié à celui des autres. Il n’existe pas de bonheur individuel, totalement indépendant d’autrui.
Affectueusement,
Anne-Laure